Selon le Baromètre des aidants 2019, une personne sur cinq en France serait aidante ! Ainsi 324 000 Girondines ou Girondins accompagneraient une personne fragilisée du fait d’un handicap, d’une pathologie ou de l’avancement en âge. L’amour et le dévouement ne sauraient seuls répondre à un engagement lourd et épuisant. Le Département agit pour concourir à offrir aux aidants un nécessaire droit au répit.
Rachel De la Vega est chargée d’études à la Direction de la mutualisation des actions transversales, et plus précisément au Pôle Solidarité Autonomie. Un rôle crucial puisqu’elle a directement en charge la question de l’aide aux aidants.
« Nous avons réalisé un diagnostic auprès des professionnels et des aidants intervenant auprès des personnes en situation de handicap mais aussi de celles frappées par le grand âge, la perte d’autonomie. Nous l’avons mené d’octobre 2018 à juin 2019. Cet état des lieux nous a permis d’identifier les réalités et les disparités territoriales. Nous avons pu noter que des actions concrètes étaient bien menées mais pas assez connectées mais aussi qu’il y avait des manques importants en termes d’accompagnement des aidants, en particulier en Gironde rurale » commente Rachel De la Vega.
Une analyse minutieuse et des résultats récoltés auprès des acteurs partenaires, des associations de terrain et des personnes concernées qui ont permis de mettre en œuvre une feuille de route départementale de l’aide aux aidants. Inscrite comme l’une des déclinaisons opérationnelles du schéma Autonomie du Département, elle se décline en trois axes pour contrecarrer les manquements observés. Il s’agit d’améliorer l’information et de permettre aux professionnels de mieux repérer et orienter les personnes aidantes. La feuille de route propose aussi de structurer un dispositif départemental global et coordonné de l’aide aux aidants décliné sur chaque territoire de solidarité. Troisième objectif : accompagner les personnes aidantes tout en soutenant l’évolution de l’offre d’actions et les expérimentations innovantes.
Un accueil de répit
Le Collectif Handicap s’inscrit dans l’esprit même de cette démarche impulsée par le Département. Depuis cet été, la structure associative girondine expérimente, hors domicile, une solution de répit baptisée La Calmie (voir Gironde Mag N°132 - hiver 2021). Elle accueille des enfants et jeunes adultes en situation de handicap, de 3 à 20 ans.
« Notre objectif premier, c’est d’apporter du répit aux familles. Le moyen pour y parvenir, c’est de proposer des temps d’accueil de jour, hors domicile » souligne Sylvie Meunier, présidente du collectif.
Le travail est conduit en collaboration étroite avec un service d’aide à domicile (SAAD) mais aussi en partenariat avec le Département, la Caisse d’allocations familiales et des acteurs privés.
46 familles et 51 enfants ou jeunes bénéficient de ce temps de répit régulier, proposé les samedis et trois jours en semaine durant les vacances scolaires. Cet accueil est bien sûr gratuit, axé autour des activités de loisirs, selon les centres d’intérêt de chacune, chacun. Il s’effectue par groupe de 5 enfants et jeunes, encadrés par 4 auxiliaires de vie du service d’aide à domicile Amélis Services. Les accueils se déroulent dans des structures mises à disposition gracieusement par, notamment, l’association ARI (Hôpital de jour l’Oiseau Lyre), l’Institut Don Bosco et le Relais des aidants de Mérignac.
« Les deux confinements que nous avons traversés ont accentué les besoins d’aide et notre solution de répit est aussi un moyen de prévention pour éviter de véritables drames » ponctue Sylvie.
« Nous accueillons des enfants dont la pathologie le permet. Nous n’agissons pas dans le champ médical et nous ne pouvons assumer un suivi clinique plus lourd » ajoute-t-elle.
Quoi qu’il en soit, la formule séduit à juste titre les familles et l’association est désormais à la recherche de nouveaux locaux et de nouveaux partenaires financiers pour pérenniser l’action et se déployer pleinement sur l’ensemble de la Gironde, en prenant appui sur les actions existantes.
Enrichissement mutuel
Clémentine Moreau, elle, est psychologue en charge de la question des aidants agissant auprès des personnes handicapées, au sein du Centre local d’information et de coordination (CLIC) de Mérignac. Sa collègue, Delphine Barrailh, également psychologue, assume les mêmes fonctions mais auprès des aidants de personnes âgées.
« Depuis deux ans, nous avons mis en œuvre cet essentiel dispositif d’accompagnement, alors expérimental, visant à aider les parents mais aussi l’entourage, les frères sœurs et enfants des personnes touchées par un handicap, quel qu’il soit » commente Clémentine Moreau.
Des visites à domicile sont effectuées, une vingtaine d’aidants par mois sont accompagnés dans le secteur d’intervention du CLIC de Mérignac. Si la psychologue mesure les difficultés de ses missions, accrues par temps de pandémie persistante, elle en perçoit aussi toute la portée :
« Au-delà de l’angoisse et de la fatigue des aidants renforcée par le contexte sanitaire, nous devons faire face à des situations très différentes qui demandent, de part et d’autre un dialogue ouvert pour coconstruire des solutions. C’est vraiment un enrichissement mutuel important. Dans certaines situations, les relations intrafamiliales s’améliorent et l’aidant peut entrevoir un sentiment d’apaisement et de reconnaissance. »
Avis partagé par Patricia Moresco. Habitant à Eysines, maman d’une jeune femme atteinte d’un handicap psychique, aujourd’hui âgée de 24 ans. Elle a pu compter sur l’aide régulière de la psychologue Clémentine Moreau.
« C’est en 2019, que j’ai pris conscience de l’état réel de Margaux qui dû être hospitalisée. Étudiante, elle était d’une grande fragilité et pour moi, son père étant décédé alors qu’elle avait 18 ans, c’était une situation extrêmement difficile » témoigne Patricia.
Il a fallu vivre au rythme de la santé défaillante de Margaux, oscillant entre silences prolongés, aggravations et rémissions. Aujourd’hui, la jeune femme vit avec son compagnon en autonomie dans son propre appartement. Chaque jour où les relations s’améliorent avec sa mère, est une victoire.
« Je dois beaucoup à Madame Moreau. Chacune de nos rencontres a été une bouffée d’oxygène. Je me sentais moins seule, enfin comprise », conclut-elle.
L’aide aux aidants, une action-clé au rang des missions menées par le Département et ses partenaires, qui contribue donc à intégrer le handicap ou le grand âge comme des données presque ordinaires et supportables de la vie quotidienne.
Contact
collectif.handicap@yahoo.fr
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